L'infatigable militant André VAGNERON
L’occupation allemande était une période très marquante pour les Bisontins, ce qui a provoqué une envie de se battre contre cette répression chez les jeunes. Parmi eux, André VAGNERON a marqué l’histoire. La figure emblématique de la vie politique communiste était fidèle à sa conviction pour une société plus juste. Le cofondateur du MRAP (mouvement antiraciste) et refondateur de l’association « Amis de la maison du peuple de Besançon » était à la source de plusieurs reformes dans notre quotidien. Front dégagé, cheveu long et coupé en brosse sur un visage souriant. Une grande taille assez mince qui était marquée par les fumés de cigarette et d’une allure énoncée. Il aimait beaucoup la vie et la société, « il était un bon vivant cependant il était un mauvais cuisinier au vu qu’il a été habitué à être servi par des femmes » selon son fils, Jean VAGNERON.
Une enfance heureuse
André VAGNERON est né le 19 août 1925 à Besançon, fils d’un ouvrier syndicaliste et d’une couturière de l’entreprise Weil. A la suite de la maladie de sa mère, il se réfugiait auprès de ses tantes dans le Jura. En étant le seul homme auprès de ses cousines, il était très gâté tout en étant un bon élève en classe et a initié le sport dès son plus jeune âge pour fuir la vie familiale pesante.
Georges VAGNERON n’était pas qu’un père, il était son modèle sur le plan politique. Un militant qui défend l’inégalité salariale, l’amélioration des conditions de vie des ouvriers. Il était le cofondateur de l’association « Amis de la maison du peuple de Besançon », CGT du Doubs ( Organisation syndicale de la Confédération syndicale du Travail )et le président Caisse Primaire de Sécurité sociale. Avec un emploi du temps chargé, il est souvent pris entre l’animation des grèves, la gestion du syndicat du bâtiment et son rôle en tant que délégué régional pour sept départements en laissant sa fille, Michelle être victime de la perversité de sa belle-mère. L’ancien soldat de l’armée française a rendu l’âme le 02 octobre 1965 avec une publication d’obsèques sur le journal Ouest républicain.
Plongé dans la marmite syndicale depuis son jeune âge, il vivait à travers les regards des autres et pour les autres.
Sa jeunesse et le début du militantisme
En 1941 André VAGNERON était parmi les 9 élèves admis en 1ère année section brevet supérieur en ratant l’examen à l’école normale, il était un instituteur remplaçant et sa 1ère affectation à Thise dans une classe de garçons. Balloté de poste en poste jusqu’à sa titularisation, il a pu rester dans le grand Besançon tout en étant un militant actif. Pendant les vacances scolaires en 1945 il était journaliste. Grâce à Jean Minjoz (député-maire) de Besançon, il était un correspondant de l’hebdomadaire « sport vu » et envoyait plusieurs articles mais le périodique disparaît rapidement. En contrepartie le groupe social lui propose d’adhérer à son parti où il devient secrétaire du cercle local puis de la fédération des jeunesses du Doubs. Selon Mauricette VAIGNERON : « Il n’était pas qu’un enseignant mais aussi un bon directeur de colo, ses élèves l’aiment bien et il a eu un bon impact auprès des jeunes. »
Lors d’un bal au Kursaal en décembre 1945, la jeune fille en robe bleu écossaise à petit carreau a capté toute son attention. Mauricette Cordier est une fille modeste, une ouvrière décalqueuse dans l’horlogerie mais leur amour au militantisme a abouti à un mariage le 12 février 1948 avec 3 enfants. Mauricette assurait en même temps le quotidien des enfants et ses engagements pour le militantisme tel que le délégué du Doubs au congrès national du PCF (Parti Communiste Français) et en parallèle, membre au comité de l’Union des Femmes Française
« En étant un papa peu souvent à la maison et ne sait pas dire « non » à des réunions, ainsi la maison du peuple est devenue son refuge.
Une longue carrière politique
André VAGNERON était très actif politiquement, toujours présent dans les réunions qui se faisait à la maison du peuple pour trouver une meilleure façon d’atteindre son objectif. Au 18ème siècle, il cumule les mouvements syndicalistes, en novembre 1947, il participa à la grève des travailleurs des horlogers. L’année suivante, il était accompagné par son père pour participer à la grève des travailleurs avec la CGT. En 1948, il participait aux « grèves des mineurs » avec son groupe fédération de communiste. L’année suivante, il était chargé de la jeunesse du cyclisme UD CGT (Union Départementale du CGT du Doubs) où son père était le président et membre de la direction départementale du PCF
En tant qu’ancien membre du JS (Jeunesse Socialiste du Doubs) , il a participé à des manifestations unitaires contre les guerres coloniales, en 1959 à Montferrand campagne de pétitions suivie d’une organisation d’une délégation à Genève et le 21 juillet un accord mettait fin à la guerre du Vietnam provisoirement. Il a aidé à la nomination de Louis Garnier au rang des députés le 02 janvier 1956 et a contribué à la formation des comités de défense de la République dans la localité pour faire appel aux votes contre la réforme de la constitution Vème République.
Dès qu’il y avait des revendications sociales d’un temps bouleversé, contre le racisme, antisémitisme et la colonisation, sa tête marque sa présence permanente. Il était parmi ceux qui défendait l’indépendance de Madagascar, membre des mobilisateurs qui ont fait signer l’appel de Stockholm contre la bombe atomique à la suite de la guerre Indochine et Corée. Il se présentait toujours aux élections législatives et dans les années 80, il était l’adjoint du conseil municipal de Besançon cependant après la guerre il a perdu progressivement un parti de son lecteur (avec 24 à 25% des voix) et ses parties politiques se dissout petit à petit. Ainsi le nom « VAGNERON » est marqué dans plusieurs ouvrages historiques.
Une telle vie mouvementée mérite une fin paisible.
Sa fin de carrière
Afin de marquer sa longue vie de militantisme, André VAGNERON a pris sa retraite à l’âge de 80 ans pour céder la place aux autres. Avec sa femme, ils ont choisi de se reposer dans la petite ville de Thise à côté sa fille Marianne VAGNERON. Là où il a décidé d’écrire la mémoire de ses vécus avec l’aide de sa tendre femme. L’édition du « Souvenirs d’un communiste du Doubs » a été fait par François Lassus, de sa sœur et de ses amis(e)s, c’est un livre qui parle plus de l’aspect politique de sa vie.
Après ses séjours à l’hôpital au mois de juin 2013, sa santé lui a joué des vilains tours et la crise cardiaque l’a emporté le 03 juillet 2013 dans sa maison. La nouvelle a été répondu par plusieurs journaux locaux et des hommages ont été réalisé par les différentes associations où il était membre. Pour honorer la mémoire de cet homme remarquable, le 12 décembre 2016, la mairie de Besançon a attribué son nom à la seconde cour du 6 rue de la Madeleine. Là où a été planté l’arbre de la laïcité, au cœur de ce quartier de Battant où il enseigna et milita, à deux pas de l’Ecole Normale d’instituteurs et de la Maison du Peuple, ce qui est un hommage légitime.
André VAGNERON était un bon vivant, toujours prêt à défendre ce qui était juste pour lui.
De son enfance à son dernier souffle, il était destiné au militantisme et à être un des acteurs principaux de la partie socialiste du Doubs tels que son père et son oncle. Leurs combats étaient toujours le même : « pour une égalité sociétale » et qui ne cesse de se transmettre de génération en génération, de son père à son oncle, de lui à sa femme et de sa fille à son petit-fils.
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